• Arequipa (2)

    Visite de l'immense Monastterio de Santa Catalina au centre d'Arequipa.

     

    Entrée du Monastère

    Le couvent Santa Catalina a été construit en 1579. Sa surface est de 20 462 m². Il hébergeait 450 religieuses qui n’avaient aucun contact avec le monde extérieur jusqu’en 1970.

    Aujourd'hui, il compte environ 40 carmélites, beaucoup plus intégrées dans la ville.

     Le couvent est si vaste qu’il est semblable à une petite ville avec ses rues, ses jardins, ses cloîtres et ses parcs. Il est considéré comme le plus grand couvent du monde.

    Plan d'ensemble

    Le cloître principal n'est pas très grand, mais il est clair, aéré.

    Cloître principal

    Sur les murs, de nombreuses fresques, au-dessus des portes notamment.

    Décoration murale

    Dans le massif de fleurs au centre, on remarque la cantuta, fleur nationale du Pérou.

    Cantuta

    Les chambres paraissent plutôt spacieuses... Mais la jeune fille y entrait vers 12 ou 13 ans et n'en sortait pas avant ses 16 ans, âge où elle prononçait ses vœux définitifs. Elle vivait enfermée dans cette pièce, jours et nuits pendant 4 à 5 ans. On lui portait à manger par la fenêtre alors qu'elle était soustraite aux regards dans un coin de la chambre (voilée... ?) L'évacuation des déchets suivait le même chemin.

    Chambre

    Lorsque son initiation était terminée, la religieuse emménageait dans ses appartements dans une autre aile du couvent. Selon son origine et ses moyens, elle pouvait bénéficier d'une maison individuelle intra-muros et avait une ou deux servantes...

    Clître de l'aile bleue

    En parcourant les rues et les places des quartiers bleu ou rouge, on s'aperçoit que le décor, resté à l'identique, était plutôt agréable !

    Aile rouge

    Maisons individuelles des religieuses

    Habitations

    Cuisine commune à plusieurs appartements

    Cuisine

    En-dessous, à côté du puits, on aperçoit le filtre à eau qui débarrassait l'eau de boisson de ses impuretés. L'eau était filtrée à travers la pierre très amincie. Ce qui coulait dans le récipient inférieur était considéré comme très pur... mais il fallait être patient !

    Cuisine et puits

     

    Lavage du linge

    Le lavoir, fait d'amphores coupées en deux

    Cour centrale

    Nous venons de visiter Santa Catalina, émanation de la civilisation coloniale. Chrétienne. La femme est enfermée dans un couvent, ne sort pas. Pendant son initiation, elle est coupée du monde.

    Le même jour, nous abordons un détail très particulier de la civilisation Inca, sur laquelle je reviendrai largement plus tard et qui était une civilisation remarquable pour laquelle j'ai beaucoup d'admiration.

    Il ne s'agit pas de juger. Le travail d'histoire et encore plus d'archéologie nécessite une mise en perspective, sinon on peut arriver à des conclusions erronées.

    Mais, nous allons voir la momie Juanita.

    Quelques précisions s'imposent.

    Juanita n'est pas une momie, c'est un corps conservé dans la glace, sans traitement de momification.

    Juanita, bien sur, ne s'appelle pas Juanita.

    Il s'agit d'une jeune fille, 12 ou 13 ans, sacrifiée par les Incas à l'occasion d'une éruption du volcan Ampato.

    Pour conjurer les forces de la nature, les Incas sacrifiaient des enfants. Originaires de bonnes familles, ces enfants vivaient dans le luxe et étaient consacrés à une ou plusieurs divinités. Mais quand un problème survenait (tremblement de terre, éruption, inondation... ) c'était à cause d'une divinité en colère qu'il fallait calmer par un sacrifice humain.

    A la suite des archéologues qui l'ont trouvée, on imagine que Juanita droguée a parcouru des kilomètres dans la montagne, dans la neige, pour parvenir au cratère en éruption de l'Ampato, à 6310 mètres...

    On a retrouvé dans son estomac de l'alcool et de la coca. Elle a été tuée d'un coup à l'arrière de la tête et abandonnée sur place. Autour d'elle on a retrouvé d'autres enfants moins bien conservés avec des  poteries, des statuettes, des figurines, d'or, d'argent, des feuilles de coca et des coquillages.

    On lui rend visite dans le petit musée Santuarios Andinos. A l'entrée, on vous confisque sac-à-dos, portable, appareil photo... Mais on trouve partout des photos sur le net. La loi n'est pas la même pour tous...

    Nous assistons à la projection du film réalisé par et à la gloire de l'archéologue américain, qui se met bien en avant et raconte l'histoire à sa manière, trémolos, bons sentiments, "stars and stripes for ever". Son associé dans la recherche, le péruvien Miguel Zarate n'apparait pas. Le film est consacré à l'américain, pas à Zarate ou à Juanita...

    Ensuite, deux salles montrent des photos de l'endroit où la momie a été trouvée. Dans des vitrines, coupes, outils, bijoux trouvés sur place.

    La troisième salle présente Juanita dans son congélateur de verre, dans la pénombre. Une vague odeur flotte, qui m'a rappelé l'odeur des catacombes à Palerme.

    On s'approche lentement, gêné.

     

    Juanita

    La photo a été faite par Stephen Alvarez CC-BY-SA     Wikia        

    Une fois par an, pour raison d'entretien et expertise, Juanita est remplacée par Sarita, moins bien conservée.

     

     

     

     

    « Arequipa (1), 3 septembre 2014D'Arequipa à Chivay, 4 septembre 2014 »

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