• Le Châtelard

    Le sommet de la colline au-dessus des grottes des Eyguiers s'appelle le Châtelard.

    L'accès n'est pas facile, mais un passage étroit, situé en bas des grottes, permet de monter sur le plateau.

    Les enfants appellent cette faille le "passage secret", on y progresse de profil, en s'aidant des pieds et des mains en opposition. C'est plus amusant que compliqué.

     

    Faille

    Et on débouche sur le plateau où un sentier à peine tracé progresse dans les buissons de cade, de genévrier, de buis, de thym et de romarin. Inutile de vous dire l'explosion des senteurs quand on s'y fraie un passage le printemps ou l'été. Il y a aussi quelques oliviers revenus à l'état sauvage. Même de là, le sommet paraît uniquement occupé par une végétation serrée.

    Il faut alors oser pénétrer dans les taillis, se faufiler entre les branches pour accéder au site.

    Le Châtelard

    Selon les hasards de l'errance dans les buissons on peut tomber comme je l'ai fait sur le mur d'enceinte nord complètement en symbiose avec la végétation.

    Le Châtelard : rempart nord

    On distingue nettement les pierres taillées ajustées pour construire ce qui fut le mur d'enceinte de l'oppidum.

    Le Châtelard : rempart nord

    Si on contourne ou si on accède au site par l'ouest, on tombe sur le mur ouest, plus dégagé, formant un angle avec le rempart nord.

    Le Châtelard : rempart ouest, angle nord-ouest

    Ce mur ouest est assez bien conservé car la végétation est plus clairsemée. C'est par là que j'y ai accédé la première fois.

    Le Châtelard :rempart ouest

    Un peu plus haut, il n'y a plus de mur constitué : seul, un éboulis persiste, et monte vers le sommet.

    Le Châtelard : Eboulis central

    Cet éboulis peut correspondre à une construction à l'intérieur des remparts, constituant une diagonale entre le sommet de la falaise et le point le plus bas de l'oppidum.

    Le Châtelard :rempart est

    En parcourant le site, on trouve des fragments de rempart est qui surplombent les grottes des Eyguiers.

    Le Châtelard : rempart est

    Certains murs sont assez bien conservés, d'autres totalement effondrés.

    Le Châtelard : mur central et rempart est

    A l'intérieur de l'enceinte, on rencontre de multiples reliquats de murs qui peuvent évoquer des constructions destinées à l'habitation.

    Le Châtelard : construction indépendante

     Sur l'ensemble du site, au milieu des moellons cubiques, on rencontre de nombreuses pierres taillées, marquées d'encoches, qui témoignent d'un travail évolué de la pierre.

    Le Châtelard : pierre taillée

     

    Le Châtelard : pierre taillée

     On rencontre également des empreintes fossiles signalant des roches sédimentaires sous-marines.

    Le Châtelard : fossile

     En explorant le site vers le sommet, on finit par accéder au bord de la falaise, à 581 mètres d'altitude : en face, la masse de la Montagne de Bluye, à gauche on distingue Pierrelongue et son clocher, 300 mètres plus bas.

    Le Châtelard : panorama depuis le sommet

    Le site a été mentionné en 1983 dans les "Cahiers Drômois".

    Une topographie systématique a été réalisée en 2005 par Yves Girard, puis un sondage d'une dizaine de jours a été réalisé en mai 2007 avec le soutien du "Gardenotes Baronniard"

    L'ensemble de l'oppidum occupe environ 2 hectares, ce qui est loin d'être négligeable, alors qu'il est invisible d'en bas, quel que soit l'angle de vision, depuis Mollans ou Pierrelongue !

    Des débris céramiques, datant de l'âge du fer, des éléments de faune, des tessons, des fragments de hache et des éclats de silex ont été répertoriés. Certains sont conservés au Musée de Vaison.

    Il reste difficile de dater l'ensemble de l'oppidum. Les archéologues évoquent donc des possibilités en fonction de la situation du rocher, situé en amont de la confluence de l'Ouvèze avec ses affluents Ayguemarse et le Toulourenc, les fragments d'objets trouvés et évoquant des époques différentes et peu précises.

    Il semble que les grottes des Eyguiers ont été habitées au Néolithique, bénéficiant d'un abri en hauteur et de la source qui coule, encore aujourd'hui, à proximité.

    Il existe des traces humaines sur le sommet du Châtelard vers le IXème siècle avant J.C.

    Après un hiatus de plusieurs siècles (âge du bronze), on imagine une nouvelle occupation du Châtelard, sous forme d'un premier oppidum vers 650 à 500 avant J.C.

    Un nouveau hiatus sans trace, peut-être sans occupation arrive ensuite.

    Puis on retrouve une occupation des IIème - Ier siècles avant J.C. jusqu'à un ou deux siècles après.

    Il est probable que la population soit ensuite descendue au bord de l'Ouvèze, à l'endroit où se trouve Mollans maintenant.

    Cette pratique correspond aux mouvements de populations avec les siècles : en hauteur dans un oppidum en cas de danger puis retour en bord de rivière, plus pratique, en période calme.

    Le Châtelard s’insère tout à fait dans cette mouvance.

    La moyenne vallée de l’Ouvèze possède d’autres oppida probables, au Buis (Saint-Julien), à Vercoiran (Sainte-Luce) et à Mérindol (Boisd’Aye).

    À cela s’ajoutent les sites de hauteur du Vaisonnais : les Courrens à Beaumes-de-Venise, le Clairier à Malaucène ainsi qu'à Vaison même.

     

    Documentation : Loïc Serrières, Le Châtelard de Mollans-sur-Ouvèze, un habitat fortifié de hauteur de l’âge du Fer et de la période gallo-romaine. Terres Voconces n°10, 2009, pages 121-131.

     Yves Girard, Deux millénaires avant l’Histoire dans la moyenne vallée de l’Ouvèze, Terres Voconces, n°7, 2005, pages 39-64.

     

     

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  • Commentaires

    8
    Mardi 23 Janvier 2018 à 23:18

    Bonsoir Michel, tu nous emmènes ici dans un très beau site, naturel d'abord avec les grottes du précédent article et ensuite historique avec cet oppidum qui semble assez secret mais tant mieux car le conservation de ce qu'il en reste est ainsi rendue possible. Petit plus de ce reportage : le beau soleil de la Drôme, ça fait du bien par ces temps de pluie, grisaille et crues d'eau boueuses ! A bientôt.

    7
    Mardi 23 Janvier 2018 à 14:46

    une découverte magnifique et des pierres qui ont une histoire

    6
    Mardi 23 Janvier 2018 à 13:23

    une belle et intéressante balade pour remonter dans les hauteurs... et le temps ! et puis, quel superbe point de vue de là-haut !

    5
    Mardi 23 Janvier 2018 à 09:44
    Xtian

    Bonjour Michel

    Une page d'histoire très ancienne que tu animes avec tes excellentes explications bien illustrées par tes belles photos. Ton billet de ce jour donne envie d'aller jeter un œil (mais j'attendrai que le cantonnier du village voisin ait amélioré le sentier qui conduit à cet oppidum!).

    Amicalement

    4
    Mo
    Lundi 22 Janvier 2018 à 18:52

    Il faut avoir la forme pour ce lancer là-dedans (ou plutôt là-haut).

    Mais grâce à ton article, nous pouvons admirer le site tout à loisir sans nous fatiguer!

    Merci,

    passe une bonne soirée,

    Mo

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    3
    Lundi 22 Janvier 2018 à 18:37

    Une belle promenade qui débouche sur un superbe panorama

    2
    Lundi 22 Janvier 2018 à 13:09

    bonjour Michel , ah c'est un bel endroit à aller voir  et tes photos si belles !!!  comme la dernière et +++  ,  oui la nature reprend ses droits dans ces murs à pierres sèchent !

    et un beau site archéologique !!!    merci pour toutes tes infos et .. bel am  A+  amicalement

    1
    Lundi 22 Janvier 2018 à 12:29

    BonJour Michel,

    Voilà de quoi exciter des velléités d'archéologie avec ta documentation. La dernière photo de paysage est très réussie.

     

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